L’histoire de Jeanne de Belleville, probablement née en 1300 à Belleville-sur-Vie
Jeanne de Belleville serait née vers 1300 à Belleville-sur-Vie, en Vendée. Fille de Létice de Parthenay et de Maurice IV de Montaigu, seigneur de Belleville et Palluau, Jeanne perd son père alors qu’elle n’a que quatre ans. Mariée à l’âge de 12 ans à Geoffroy VIII de Chateaubriand, ce dernier meurt en 1326.
On la marie vers 1328 à Guy de Penthièvre devenu veuf de Jeanne d'Avaugour. L'union sera de courte durée car après enquête, le mariage est annulé par le pape Jean XXII en 1330.
Enfin, la même année, Jeanne de Belleville épouse le seigneur Olivier IV de Clisson, membre de l’une des plus grandes familles de la noblesse bretonne. Elle aura cinq enfants : Isabeau de son 1er mariage puis Maurice, Guillaume, Olivier et Jeanne du mariage avec Olivier.
Généalogie de Jeanne de Belleville et biens reçus en héritage
Jeanne est la fille de Maurice IV de Montaigu, Seigneur de Belleville et Palluau marié avec Létice de Parthenay (1276 - ?)
Suite au décès de son ½ frère Maurice V de Belleville en 1320 et la mort de son 1er époux Geoffroy de Chateaubriant en 1326 ou 1328, Jeanne hérite et est la seule suzeraine d’un domaine qui comprend La Garnache, Beauvoir-sur-Mer, Palluau, Belleville, Les Deffens, Montaigu, Châteaumur et les îles de Bouin, Noirmoutier et Yeu, héritage des Belleville. Ces terres se situent aux marches du Poitou et de la Bretagne, dans l’actuel département de la Vendée. Les différents domaines côtiers et îles de la baie de Bourgneuf constituent un patrimoine économique important avec la production et le commerce du sel très prisé à l’époque.
1341 à 1343 : Le veuvage avec l’exécution d’Olivier IV de Clisson en 1343
Le contexte Breton : La guerre de succession de Bretagne éclate en avril 1341, quand Jean III, duc de Bretagne, meurt sans héritier. Son territoire est disputé d’un côté par sa nièce, Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois, et de l’autre par Jean de Montfort, le demi-frère du défunt. Le duché de Bretagne devient un enjeu au-delà même de ses frontières. À travers Charles de Blois et Jean de Montfort, ce sont Philippe VI de Valois, le roi de France et oncle de Charles de Blois, et Édouard III, roi d’Angleterre et soutien de Jean de Montfort, qui s’affrontent en ce début de guerre de Cent Ans.
La trahison et l’exécution d’Olivier IV de Clisson :
Les couronnes de France et d’Angleterre se disputent la Bretagne. Une lutte ouverte éclate, Olivier prend part au combat pour la France, lors du siège de Vannes par les Anglais il est fait prisonnier et sera conduit en Angleterre. En janvier 1343, la trêve de Malestroit met fin temporairement aux hostilités entre Blois et Montfort. Olivier IV de Clisson est libéré contre une somme relativement peu élevée, le Roi de France Philippe VI de Valois soupçonne Olivier de vouloir aider les anglais à conquérir la ville de Nantes. Olivier IV est alors attiré dans un piège à Paris au motif d'un tournoi de chevalerie mais il y est arrêté pour son soutien à Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France, Philippe VI, et prétendant au trône ducal. Olivier est arrêté, emprisonné, et condamné à la décapitation pour félonie par le Roi de France, Philippe VI. Son exécution a lieu le 8 aôut 1343 aux Halles à Paris, son corps est pendu au gibet de Montfaucon et sa tête est envoyée à Nantes où elle fut, pour certain auteur, exposée durant plusieurs jours au bout d'une lance du haut d'un créneau du château du Bouffay (ancien château aujourd'hui disparu construit à Nantes, dans le quartier Bouffay (centre-ville)
1343 à 1359 : La vengeance, la lionne des mers, le remariage avec Benthley, la reconquête des terres perdues
La vengeance d’une veuve :
Aussitôt que la nouvelle du supplice d’Olivier de Clisson fut parvenue en Bretagne, ses nombreux amis se réunirent et allèrent offrir leurs services à Jeanne de Belleville, sa veuve.
Cette femme était douée d’un grand caractère, et au lieu de se livrer à une douleur stérile, le désir de venger un outrage aussi cruel lui inspira une résolution extraordinaire », raconte La Fontenelle de Vaudoré. Le courroux de Jeanne de Belleville s’abat d’abord sur la place forte de Château-Thébaud, commandé par Galois de la Heuse. Ce fidèle de Charles de Blois, qui n’est pas encore au courant de l’exécution d’Olivier de Clisson, accueille sa femme avec tous les honneurs dus à son rang. La place forte est mise à sac par les 400 partisans que Jeanne a rassemblé, composés notamment de plusieurs seigneurs bretons.
La naissance de la lionne des mers
Dans cette première attaque, la majorité de la garnison est passée par les armes, mais la veuve d’Olivier de Clisson épargne quelques hommes afin de répandre la nouvelle de sa vengeance. Ensuite elle se mit en mer avec sa troupe, « vengea la mort de son mari sur beaucoup de marchands français... », précise le moine et historien Dom Lobineau, dans son « Histoire de la Bretagne » publiée en 1707. Le roi Philippe IV ayant appris les désordres que commettait ce nouveau pirate, le bannit du Royaume et fit saisir tous ses biens en décembre 1343, poursuit l’ecclésiastique.
Olivier V de Clisson, fils de Jeanne, devient Connétable de France de 1380 à 1392, il servira sous le règne des rois de France Charles V et Charles VI. Au fil des ans, il s’emploiera à reconquérir les biens perdus de Jeanne.
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